Aspect technique

La question comment a-t-il été fait ? semble n’avoir jamais été abordée. L’examen de cet aspect technique permet cependant un développement d’un certain intérêt [Cf. Gazettes N°13, 14, 22, 25]

Pour la réalisation du fossé, c’est à partir du déversoir que l’on doit déterminer le tracé.
En effet, si l’on doit creuser un fossé pour assécher une zone ou détourner une rivière, il est nécessaire de le faire dans le sens montant pour ne pas avoir devant soi un chantier noyé.

Ce lieu doit avoir des caractéristiques précises :

  • Il doit être sur la ligne de partage des eaux entre le bassin de la rivière à capter et celui du bassin dans lequel on cherche à déverser les eaux détournées.
  • Sur cette ligne, il doit être légèrement plus bas que le point de capture de l’eau à évacuer.

Parmi tous les points alors utilisables sur cette ligne de partage, l’un à une particularité avantageuse: celui dont l’altitude est la plus basse. L’emplacement de la capture est alors décalé le plus en aval possible sur le cours d’eau intercepté. Il y a ainsi augmentation du volume d’eau capté puisque le tracé entoure une plus large surface de terrain (ici le massif d’Humbligny, sur la rive gauche du Vernon) et bénéficie de plus d’apport des ruisseaux qui arrivent sur l’autre rive en amont du point de capture.

Sur la ligne de séparation des eaux entre le bassin du Vernon et celui du Dillon, le point bas, au lieu dit Les Places, entre les sommets des buttes d’Humbligny et de Michavant, peut donc être considéré comme le point le plus judicieux.

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Lieu dit Les Places

Ce n’est certainement pas par hasard que le Grand Géant a choisi ce point géographique précis, pour y faire passer son fossé. On a alors peine à croire que, à partir de ce point optimal, le tracé le faisait passer, à 8 km environ de là, en plein centre d’un village existant.
La coïncidence d’un nivellement naturel idéal, à partir des Places, est possible mais elle serait extraordinairement heureuse et fait suggérer que le village de Boisbelle était inexistant  avant le creusement  du fossé.

Une autre idée vient conforter cette hypothèse :

Il n’est pas concevable que les ouvriers aient creusé un fossé d’environ 20 km de long à partir d’un unique chantier en partant de ce déversoir des Places en remontant vers le Vernon. Il est aussi difficile de les imaginer placés régulièrement sur toute la longueur du chantier. Il semble plus vraisemblable qu’ils ont été disposés par groupes sur plusieurs chantiers. Sur chaque chantier, il fallait disposer du maximum de travailleurs. Aussi, de préférence à une disposition sur une seule ligne avec un front d’attaque de près de 3 m de haut, on peut supposer qu’ils travaillaient sur plusieurs niveaux décalés formant une sorte d’escalier dont les marches avaient quelques dizaines de centimètres de haut. La terre décapée pouvait être aisément remontée de marche en marche par une chaîne de porteurs et être déversée sur le côté et y former le talus latéral. C’est une méthode toujours utilisée dans certains pays à moyens mécaniques faibles mais riches en main d’œuvre bon marché. C’est aussi celle utilisée dans les carrières et mines découvertes, les marches devenant des gradins de plusieurs mètres de haut.

Le Grand Géant n’a peut-être pas utilisé cette méthode mais, même avec une autre, elle permet cependant de formuler l’idée suivante : il était nécessaire pour le chef des travaux d’avoir un « camp de base » pour pouvoir coordonner et surveiller l’avance des divers chantiers.  Où installer ce camp de base ?  Le plus logique paraît être le milieu de l’ouvrage prévu. Or, on constate que le village de Boisbelle se trouve approximativement au milieu du tracé comme le montre le schéma ci-dessous :

D’autre part, on constate, à mi-chemin des tronçons situés de part et d’autre de Boisbelle, l’existence d’une ferme aux abords immédiats du fossé. Le long du tracé, on ne retrouve aucune autre ferme, soit encore existante, soit en ruine.

Au nord de Boisbelle, il s’agit de la ferme des Jamets
Au sud, il s’agit de la ferme des Pas de Loups

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Ces fermes ne peuvent-elles pas être considérées comme l’évolution de deux bases secondaires mises en place en même temps que le camp principal ?On peut également douter de l’existence, au moment du creusement, de la Principauté elle-même puisque le chantier traverse son territoire, ce qui pose le problème du droit de passage sur un territoire souverain.

Ces diverses réflexions entraînent  cette hypothèse inédite :

L’origine du village de Boisbelle semble pouvoir être l’évolution d’un  camp de base utilisé pour l’organisation du chantier de creusement du « Fossé du Grand Géant ».